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"The ghost writer" de Philip Roth


"The ghost writer" de Philip Roth



"Crazy brave" de Joy Harjo

Les amérindiens Creek et Cherokee de l’Oklahoma sont présents ici dans le roman autobiographique de Joy Harjo. De cette enfance et adolescence miséreuse à cette affirmation d’être en tant qu’« artiste », tous les passages difficiles de cette vie d’amérindienne sont évoqués. La personnalité artiste et féministe de l’auteur sous-tendent ce texte superbe ou sont évoqués la faiblesse des hommes, le racisme, mais aussi la courage et la volonté d’exister malgré tout. Petit opus de 220 pages plein d’énergie et d’espoirs.

"Tromperie" de Philip Roth

De ce livre, publié en 1990, on retiendra une tendre auto-ironie, mais souvent aussi un subtil et délicieux mélange entre la fiction et l’autobiographie. Des conversations (fictives?) avec d’anciennes maîtresses, de très courts dialogues évocateurs, tout est posé là, en de courts chapitres. On rit parfois, on se prend à réfléchir sur les sens de la vie, de la vie d’un couple, aussi. Lu comme avalé, avec appétit.

"Trois fois la fin du monde de Sophie Divry

Il s’agit bien de trois épreuves de vie que traverse Joseph. Un braquage sanglant, puis la prison et enfin, épreuve (ou pas) de la solitude dans un décor post-apocalyptique ou il survit miraculeusement. De ce dernier épisode, qui occupe la plus grande partie du roman, on suit le héros en contact avec la nature foisonnante ; l’émerveillement de la nature malgré les conditions difficiles à la survie, puis la sérénité dont fait preuve Joseph. C’est une belle leçon de vie, de contact avec les animaux vivants, les végétaux, l’eau, la lumière, une expérience de pensée dans laquelle S.D. nous invite dans ce récit captivant.

"La liberté d'être libre" de Hannah Arendt

Tout autre chose avec ce petit opus inédit de Annah Arendt chez Payot. Dans lequel les notions de révolution, et de liberté sont historiquement décortiqué. La fondation de la liberté n’est pas simple car « ..la maîtrise de la pauvreté est un prérequis à la fondation de la liberté.. ». On rejoint le social, le sociétal. Populisme, surveillance : réflexions d’actualité.

"Les variations sentimendtales" de André Aciman

J’avais lu et aimé « Plus tard ou jamais » et la quatrième de couverture de ce roman m’a incité à la lecture. Résumé de manière laconique, il s’agit de la vie sentimentale de Paul entre les amours masculines et féminines en parcourant le monde de l’Italie à New-york. Mais c’’est bien plus que ça, plus que cette indigente énumération. Avec beaucoup de subtilité, avec douceur, les sentiments sont évoqués, parcourus, rêvés, les émotions préservées, avec, parfois, de douces et discrètes saillies érotiques. L’écriture reste tendre et évocatrice, pleine de de dialogues vrais. Qu’est-ce que, réellement, l’amour, ce sentiment qui nous fait avancer malgré tout.

"Les corps solides" de Joseph Incardona

Comme souvent chez cet auteur, le côté humaniste sous-tend tout le récit. Anna célibataire, se débat pour vivre décemment avec son jeune enfant Léo, jusqu’à ce qu’une opportunité de gagner le gros lot se présente. Il y a le monde du show business, des jeux télévisés stupides, celui de l’argent facile qui miroite, tout ces artifices. Et tout contre, la vie réelle, la fin de mois difficile, la peur du lendemain, mais aussi l’entraide et l’humanité. Ecriture rapide, vivante, ou chaque phrase compte. Et si on ajoute un brin de surprise et de suspense, cette histoire reste captivante, attachante aussi. (comme beaucoup de récits de J.I. )

"Tous les homme n'habitent pas le monde de la même façon" de Jean-paul Dubois

La vie de Paul Hansen, personnage très attachant, concierge mais prisonnier partageant sa cellule avec un Hell’s Angel fan de moto. En guise de bref résumé. La cohabitation cellulaire vaut son pesant d’anecdotes, étant donné les cultures opposées des deux prisonniers. Ce qui donne lieu à d’épiques conversations. Mais ce récit ne se limite pas au milieu carcéral, ce récit aborde la vie civile « d’avant » de Paul, la vie de ses parents, les séjours en Scandinavie, la monde de la religion protestante, celui des jeux d’argents. Le tout raconté avec tendresse et ironie, ce qui rend le personnage attachant. Et puis, finalement, un dernier épisode, à la sortie de prison, dont je ne vous dévoile pas les rebondissements. NB: livre acheté 1 euro chez Boulinier !

"Le pouvoir rhétoque" de Clément Victorovitch

Clément Victorovitch est docteur en science politique et enseigne à Science Po. Ce livre, qui date de 2021 parcours tout le répertroire du sujet, de manière très didactique, en fournissant beaucoup de cas concrets « Etude de cas ». Ce livre ne se limite pas au vocabulaire de la rhétorique, ce n’est pas un formulaire, mais un véritable outil pour qui cherche à convaincre un auditoire, ou bien à comprendre ce qui se cache derrière les phrases et les mots d’un orateur (et les non-dits !). En ce sens il est complet. Hélas pour moi (cf JLG), in fine, je n’ai retenu que peu de choses sinon d’être circonspect à l’écoute des personnages politiques et des manipulations du langage.

"Le lustre" de Clarice Lispector

Ce roman de 1946, écrit par C.L. à l’age de vingt ans, surprend par la densité du texte. Depuis son enfance jusqu’à l’age adulte, la vie Virginia, le personnage principal, s’écoule dans d’incessant questionnements, sur ses proches, sur l’amour (le besoin d’amour), sur la proximité de la nature. Cette longue introspection la plonge parfois dans des moments de déprime, mais jamais elle ne renonce et trace son chemin malgré les inimités. Cette histoire se déroule dans une ambiance familiale étrange, faite de non-dits, de la toute importance du père et du manque d’amour de la mère. Roman écrit dans un style parfois sibyllin mais poétique et coloré, roman dans lequel le tragique n’est jamais très loin, quand sont révélées les émotions enfouies des personnages. Les premières pages sont quelque peu difficiles d’accès, puis le roman s’installe et on est happé par le discours de Virginia.

"Le syndrome de la dictature" de Alaa El Aswany

Alaa El Aswany sait de quoi il parle : la dictature en Egypte, l’a poussé à partir pour sauver sa peau. Il explique ici tous les ressorts, manipulations, psychologie du dictateur, psychologie de la population, ressorts qui permettent in fine à un dictateur de s’installer (prospérer?). De nombreux exemples et anecdotes douloureuses émaillent ce récit ou apparaissent Hitler, Ceausescu, Nasser, Khadafi, Sadam Hussein, Staline : le catalogue est presque complet. Analyse fine de ce régime par l’auteur en plusieurs paragraphes, chacun abordant un aspect du pourquoi et du comment de cette malédiction, le tout avec moult références qui font l’objet d’un index des sources à la fin du livre. Il ne s’agit pas d’un essai dans l’esprit de H. Arendt, mais d’un document très bien sourcé. C‘est à lire maintenant, alors que les démocraties se révèlent si fragiles.

"Tableaux d'hiver" de Jean-paul Goux

Cette maison, que Thibaud nous décrit avec beaucoup de précision, c’est celle ou Claire, sa compagne décédée, dessinait et peignait de superbes ciels. Cette maison et ses alentours que Thibaud, maintenant, réinvestit, revisite, avec tous les moments forts qu’il y a vécu. Lente introspection empreinte de mélancolie ou le ciel orné de nuages a une place de choix : pureté des sentiments et espoir d’un futur désirable. De longues phrases parsèment le récit, souvent pour des descriptions qui pèsent sur la lecture, tant elles sont apparemment superflues, alors qu’elles participent aux émotions.

"L'heure de l'étoile" de Clarice Lispector

Trouvé ce petit livre de Clarice Lispector, le dernier roman (nouvelle ?) de l’auteure. Curieusement, le narrateur est un écrivain qui décrit Maccabée, « une jeune femme sans charme et sans esprit ». La misère sociale, celle des individus veules qui gravitent autour de cette femme, tout concourt à la difficulté d’être de ce personnage innocent. C.L. le dit elle même, « Je ne veux rien écrire de difficile ». A noter, le préambule du narrateur (en fait celui de C.L.) : « Ce qui me gâche la vie, c’est d’écrire » A lire aussi, la postface de Paulo Gurgel Valente « Intersections : réalité et fiction » nous éclaire sur les démarches de l’écrivaine C.L. : sous souci de justice, d ‘égalité, sa proximité avec les êtres humain.

"Trois femmes puissantes" de Marie Ndiaye

Ces trois femmes, Norah,Fanta et Khady Demba sont effet puissantes, résilientes. Il s’agit donc de leurs parcours dans des vies difficiles, aux prises avec la cruauté d’un père ou d’un mari. Trois récits/nouvelles séparées donc mais dans lesquels des fils ténus sont présents, avec des noms de lieux, ou l’apparition d’oiseaux mystérieux (fantastique récurrent chez Ndiaye), annonciateurs de châtiments ou d’obscurs présages. Chaque histoire est racontée avec des phrases chargées d’émotions violentes, de poésie aussi, ou les mots s’entrechoquent. L’histoire avance alors que l’on découvre au détour d’une page un pan d’histoire passée, méandre révélateur d’une vie douloureuse, qui éclaire le récit. M.N. écrit d’une plume sensible, retardant parfois un effet pour mieux ensuite le projeter à l’esprit du lecteur à la fin d’une longue phrase. Le contact avec les premières pages déconcerte, justement à cause de ces superbes phrases construites avec intelligence comme un arc bandé dans lequel la flèche n’arrive qu’au bout de quelques lignes. On s’approprie ainsi le récit avec cette admirable lecture.

"Leur domaine" de Jo Nesbo

Roman noir. Exit Hole, l’inspecteur fétiche des ses romans policiers : ici Jo Nesbo change de registre. Inspiré sans doute par sa Norvège natale ou se déroule tout le récit, , J.N. offre ici un excellent roman de 600 pages autour de personnages que l’on dirait tout droit sortis d’un thriller américain. Ou d’un très bon polar de Jim Thompson. L’air de rien, l’histoire s‘avance en rampant, en douceur, puis de retournements en retournements on sens le récit s’épaissir, pour le plus grand plaisir du lecteur. Ce qui apparaissait tout blanc, devient plutôt noir, sanglant même. Les personnages sont presque tous à la fois intelligents et malfaisants ou pervers, bref, tout le charme d’un vrai roman noir parsemé de dialogues au ton juste. Excellent. A déguster et frissonner de bout en bout

"Feu" de Maria Pourchet

Laure est vraiment en proie à un délire d’amour, de présence, de contact physique. Et tout le roman, superbement écrit par Maria Pourchet, décrit cette descente à l’intérieur d’un être possédé par le désir de vivre autre chose. Et puis l’autre, l’amant au chien, et puis les filles de Laure, et puis son mari absent, tout ces personnages à la dérive qui cherchent à communiquer, à échapper au tourbillon. Avec ce style incomparable, fait d’élisions, de phrases chocs, acides et jouissantes à la fois. Un ton juste (cf les réflexions de son adolescente, lucides et sarcastiques). Je ne déflorerai pas outre mesure cette histoire triangulaire, haletante de bout en bout. Excellent, vraiment.

"Kérozène" de Aline Dieudonné

Pour son deuxième roman, A.D. nous entraîne sur une aire d’autoroute ou une quinzaine de personnes se croisent, et surtout dont les vécus, et on finit par le comprendre, s’entrecroisent, eux aussi. On est vite happé par cette histoire dans laquelle on cherche dès le départ « qui fait quoi » et « pourquoi ». Les dernières phrases : «D’autres [personnes] arriveront. Toutes repartiront. Ici on ne fait que passer », l’évidence sur un parking d’autoroute. 200 pages appétissantes.

"Et si les Beatles n'étaient pas nés" de Pierre Bayard

L’auteur est professeur de littérature française et psychanalyste. Le ton est donné, car le titre pourrait laisser entendre un peu de légèreté. Pas vraiment. Il s’agit d’uchronies dans différent milieux tels que la musique (donc les Beatles) et aussi littéraires et artistiques. En effet on peut digresser à souhait sur l’idée que si Rodin ou Shakespeare n’avaient pas existé, d’autres personnages, vivant à la même époque, auraient pu être plus connus et peut-être plus créatifs. Dans le cas de Beatles, par exemple, si Brian Epstein avait pris soin du groupe des Kinks, groupe pop de talent mais ayant une « sale réputation », leur carrière aurait été tout autre. Ou encore Boris Pasternak, l’écrivain russe de talent, dont le Kremlin a tenté « d’empêcher la publication en utilisant le parti communiste Italien ». On trouve dans ce livre quantité de personnages, souvent peu connus (Hélène de Beauvoir! ), dont la notoriété, la personnalité ont été mises de côté au profit d’autres célébrités. Excellent travail de recherche/documentation de la part de P.Bayard.

"The ghost writer" de Philip Roth

Le titre du livre de Philip Roth est, en français, « L’écrivain des ombres », paru en 1979. Le premier d’une série dans la quelle apparaît le personnage de Nathan Zuckerman. A l’occasion de sa rencontre avec le célèbre écrivain Lonhoff, Z.D. découvre les affirmations contradictoires entre la littérature et l’expérience. Deux autres personnages interviennent, soit pour faire descendre de son piédestal Lonhoff, soit pour se faire passer comme « une Anne Frank ». Tout est tromperie, alors, et Z.D. se rend compte des faiblesses de Lonhoff, son auteur fétiche/légendaire. La fin est tragique (ou comique?), avec une série de dialogues entre Lonhoff, sa maitresse et sa femme. Des passages du roman sont parfois abscons, où l’on peine à démêler ce qui est du domaine de l’imaginaire ou de la réalité, mais toujours avec ce style riche et fourmillant cher à P.Roth. Je dois avouer que j’ai calé sur environ 80 mots d’anglais, though not a callow reader. Anyway. NB : Ne pas confondre ce livre avec le « Ghost writer » de Robert Harris dont l’excellent film dirigé par R.Polanski a été une adaptation.

"Les impatients" de Maria Pourchet

Aie, aie, cette fois ci, c’est Reine (avec un prénom pareil..) qui bouscule tout le récit, qui emporte avec brio toute une équipe autour d’un projet surprenant. Tout dans ce personnage donne le tournis, sa science des contacts, son appétit de rencontre, d’argent, d’amour aussi. Finira t-elle par obtenir ce qu’elle ambitionne, ce grand château innovant, cette entreprise originale ? En plein milieu du roman, on ne sait toujours pas, happé que l’on est pas tant de prouesse littéraire, phrases sans verbes, mots épars, comparaisons hilarantes. A lire absolument (comme Feu, son dernier roman) pour la truculence, le style mordant.

"Vivre vite" de Brigitte Giraud

Roman prix Goncourt 2022 . A partir d’un fait divers tragique, l’auteure imagine quantité de « et si » pour essayer de dérouler un autre récit. Ce genre littéraire est parfois source d’histoires étonnantes. Ici, c’est plutôt une accumulation d’anecdotes, de faits divers quotidiens qui parsèment la lecture, sans qu‘aucune idée forte ne semble surgir. Certes le récit continue à captiver, tendu vers une résolution incertaine, à la recherche d’une vérité qui n’existe pas, sauf celle du hasard. Et si ce roman n’avait pas au le prix Goncourt ?

"L'attentat" de Yasmin Khadra

J’ai lu ce livre en découvrant son auteur. Tout ce passe en Palestine, avec ce climat insurrectionnel permanent dans lequel Tsahal en rajoute une couche, puis les terroristes, ainsi de suite. Dans le cas particulier, une arabe chirurgien, bine intégré dans la communauté Israelienne découvre que sa femme est une kamikaze. Tout le roman est alors la quête du mari pour essayer de comprendre la motivation de sa femme. Le roman parcours avec quelques longueurs inutiles un cheminement dans la Palestine désolée, à la rencontre de combattants dont l’engagement est sincère et revendiqué. Style parfois ampoulé, mais qui reste, apparemment, la « marque de fabrique » de Y.K.

"King Kong Théorie" de Virginie Despentes

Retour sur un livre dont j’ai lu qu’il était une étape marquante dans la bibliographie de V.D. Remarquable en effet, cette hargne, cette diatribe féministe/humaine, ce discours rageur contre la politique, le machisme. Curieusement, ce livre mérite le détour au moment ou des bien-pensants et et politiques envisagent, on ne sait trop comment, d’interdire certains sites internet pornographiques aux jeunes enfants. V.D n’y va pas en douceur, usant de son langage si particulier pour décrire l’attitude d’un état vis à vis de la prostitution (qu’elle a elle même pratiqué), pour critiquer, avec références à l’appui, la société masculine/machiste dans laquelle nous vivons. Son propos date de 2006, mais reste d’actualité : « Un Etat qui se projette en mère toute puissante est un état fascisant. » A la fin du recueil, 4 pages de références bibliographiques.

"Bingo Palace" de Louise Erdrich

Roman ethnique. Tout se passe dans une réserve indienne des USA proche du Canada. Louise Erdrich écrit pour « ravauder l’identité déchirée de ces communautés indiennes » Lipsha est donc dans cette réserve et tombe amoureux de Shawnee. Pour la conquérir, il fait des petits boulots puis, employé dans un bingo il joue au loto (bingo) avec lequel il gagne beaucoup d’argent. Ce roman décrit la fuite en avant de cette génération déboussolée, prise en tenaille entre la pression de l’identité tribale, la pression des coutumes et celle de la société de consommation. Lipsha se débat dans cette dualité avec ténacité, mu par cet instinct de survie propre à ces amérindiens. Dans un dernier paragraphe, la mort d’une ancienne survient ; comme pour souligner la fin annoncée des tribus Amérindiennes. Tout est essentiellement porté par un regard tendre et plein d’empathie, de descriptions parfois poétiques de cette vie écartelée entre le nécessité de la tribu et le besoin d’exister et de faire exister l’esprit de la tribu dans ce monde moderne.

"Un temps de saison" de Marie Mdiaye

Entre mystère façon Buzzati et étrange magie. Le personnage Parisien égaré en plein campagne, isolé ou presque, de la vie moderne, le personnage se débat, comme pris dans une toile d’araignée, puis finit par se rendre en acceptant les étranges coutumes du village. Il y a quelque chose qui peut parfois prêter à rire si l’on lit ce récit au premier degré. Puis, en écoutant derrière les mots, on se rend compte, avec cette écriture qui ne laisse pas d’échappatoire, que qu’il s’agit aussi d’une démarche ethnologique.

"Taormine" de Yves Ravey

OK, c’est du Yves Ravey. Une histoire sans grand intérêt dont on voit très vite les fils blancs dont est cousu ce roman. En bref, un couple en voyage en Sicile espère échapper à la police après avoir accidentellement tué un enfant avec la voiture de location, lors d’un nuit d’orage. Ecriture serrée mais peu convaincante. Peu de suspense. A vous de voir. Edition de Minuit. A lire en 1 heure.

"Shuggie Bail" de Douglas Stuart

Sous le règne de Thatcher, années 80, années de misère pour cet enfant de 8 ans, Shuggie Bain. Il se débrouille avec la vie, avec ses peines, avec sa mère qui se cherche un amant, de l’alcool. Tout la misère cette Ecosse de l’époque. Style au plus près des réalités, parfois grinçant, parfois avec du pathos, mais attachant. On lit ça avec une petite boule dans la gorge, en se demandant quel sera l’issue de cette histoire. Pour info : le livre a été lauréat du Booker Prize en 2020 et du prix Libr’à Nous de 2021

"La semaine perpétuelle" de Laura Vasquez

J’ai découvert cet auteure lors de la lecture d’une rubrique littéraire. Il n’y a pas d’histoire à proprement parler, plutôt le déroulement de pensées et de situations quotidiennes alimentées par internet et les facéties des personnages. Tout est égal, de la conversation de deux enfants, de l’importance ou pas de la mort, ou bien « chaque fois que l’on parle, on passe d’une parole à l’autre » et ainsi de suite. Un écriture dense, teintée de poésie. On se lasse parfois de longues pages qui semblent sans intérêt, mais le charme opère parfois et on se prend à réfléchir sur quelques phases surprenantes, comme « on vit peut-être dans une simulation créée par des extraterrestres".

"La plus secrète mémoire des hommes" de Mohamed Mbougar Sarr

Etonnant roman que celui de M.M.S. Il s’agit de la recherche, par un jeune écrivain, de l’auteur d’un livre mythique. Ce livre est d’une très grande créativité, tout en restant d’une belle qualité littéraire. Une première partie en forme de journal nous entraîne dans le labyrinthe de ce mystérieux écrivain, parcourant des réunions et des contrés diverses, des époques différentes, le tout décrit avec un style d’images fortes et colorées. C’est ce m’a surpris le plus. Des citations d’auteurs, des phrases évocatrices ou la littérature est sauvée de « l ‘embaumement pestilentiel des clichés et des phrases exsangues », ou encore ces soirées entre jeunes écrivains durant lesquelles « Nous pendions aux bras d’heures cotonneuses, .. ». Et ce questionnement, tout au long du roman, sur l’écriture et la vie, sur le face à face entre Afrique et Occident. Il y aurait tant à dire sur cette vie qui irrigue tout le roman. 450 pages à déguster.

"Une colère noire" de Ta-nehisi Coates

De la condition des Africains-Américains aux USA. Ce livre, primé en 2015 aux USA est l’oeuvre d’un journaliste. La cruauté de la culture américaine, la « destruction du corps noir » tout est condensé dans cette « lettre à mon fils », somme de conseils, de lieux et de paroles à éviter pour se maintenir en vie. Le discours est quelque peu angoissant, tant sont évoqués les dangers, pour un noir, à vivre dans ce pays. On ressort de cette lecture quelque peu perturbé.

"L'oiseau Canadèche" de Jim Dodge

Petit opus d’un auteur plutôt écologiste-libertaire. On se promène dans ce pays profond ou la découverte de la nature est la seule préoccupation. La vedette en est ce canard au nom étrange et aux pouvoirs pour le moins surprenant. Entre réalité et fiction.