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===== "Raclées de verts" de Caryl Ferey (prêt de Sylvie)=====
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"Raclées de verts" de Caryl Ferey (prêt de Sylvie)
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J'ai lu ce livre, suite aux conseils de ma libraire de "La Poterne", à Bourges. Avec une écriture remarquable, faite de mots crus, de phrases délicates ou pleines de poésie, K.H. nous entraîne dans une histoire tragique. Cette histoire dans laquelle des hommes, des arabes, cherchent leurs origines et évoluent dans une culture qui les contraint à la frustration, au silence. La misère sexuelle, le crime, l'enfance et l'inceste, tout ces drames qui habitent les personnages sont évoqués, et nous suivons ces épisodes cruels jusqu'à cette pseudo-catharsis finale ou l'un des personnage se libère par le sang de tout les silences passés. Histoire tragique et touchante à la fois. A voir/écouter également, quelques vidéos sur Internet dans lesquelles Kaoutar explique sa démarche de romancière.
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J'ai lu ce livre, suite aux conseils d'Anne-marie à "La Poterne", Bourges. Avec une écriture remarquable, faite de mots crus, de phrases délicates ou pleines de poésie, K.H. nous entraîne dans une histoire tragique. Cette histoire dans laquelle des hommes, des arabes, cherchent leurs origines et évoluent dans une culture qui les contraint à la frustration, au silence. La misère sexuelle, le crime, l'enfance et l'inceste, tout ces drames qui habitent les personnages sont évoqués, et nous suivons ces épisodes cruels jusqu'à cette pseudo-catharsis finale ou l'un des personnage se libère par le sang de tout les silences passés. Histoire tragique et touchante à la fois. A voir/écouter également, quelques vidéos sur Internet dans lesquelles Kaoutar explique sa démarche de romancière.
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Une grande page d'adolescence, décrite evc beaucoup de petite phrases qui décrivent le quotidien de Nina et de sa copine Sabine, durant les vacances d'été. Cette île dans laquelle les personnages sont en vacances est aussi un manière d'isolation, de fermeture sur ce monde d'adolescence qui cherche, lui, à s'ouvrir au monde. La fin, inattendue, jette une dernière touche à ce tableau. Manque de passion, peut-être.
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Une grande page d'adolescence, décrite avec beaucoup de petites phrases qui décrivent le quotidien de Nina et de sa copine Sabine, durant les vacances d'été. Cette île dans laquelle les personnages sont en vacances est aussi une manière d'isolement, de fermeture sur ce monde d'adolescence qui cherche, lui, à s'ouvrir au monde. La fin, inattendue, jette une dernière touche à ce tableau. Manque de passion, peut-être.
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Modifié: 98c97
séjour à l'école Notre Dame de l'Isle d'Abeau, je l'ai pris avec avec moi. Et lu. Désopilant, oui. T.S. nous dépeint une Grande bretagne époque Thatcher dans laquelle les policiers sont risibles et quelque peu corrompus, dans laquelle la bourgeoisie est pleine d'une stupidité hilarante. Tout cela finit dans un carnage, un incendie. bref le compte y est. Le style est parfois comique, parfois un peu longuet dans les descriptions des personnages (on a envie de sauter des pages). Dans le genre, les romans de Roddy Doyle sont peut-être plus aboutis.
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séjour à l'école Notre Dame de l'Isle d'Abeau, je l'ai pris avec avec moi. Et lu. Désopilant, oui. T.S. nous dépeint une Grande Bretagne époque Thatcher dans laquelle les policiers sont risibles et quelque peu corrompus, dans laquelle la bourgeoisie est pleine d'une stupidité hilarante. Tout cela finit dans un carnage, un incendie. Bref le compte y est. Le style est parfois comique, parfois un peu longuet dans les descriptions des personnages (on a envie de sauter des pages). Dans le genre, les romans de Roddy Doyle sont peut-être plus aboutis.
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Modifié: 106c105,122
Il y aurait tant à dire sur ce roman. Dense par son contenu, riche par son écriture. Mais ce serait trop bref. Suite au crime atroce de sa femme, Wahhch, le personnage principal du roman, part à travers le Canada puis les Etats Unis, à la recherche de celui qui a commis cette cruauté. Pas pouvoir se venger, mais plutôt pour retrouver son passé, enfance enfouie et terriblement douloureuse au Liban. A travers un style qui lui est si particulier, fait d'une précision et d'une crudité parfois étonnante, W.M. nous fait découvir le passé de Wahhch. Et ce n'est pas vraiment le personnage qui parle, mais tous les animaux, insectes, rongeurs, chiens, chats qui se trouvent sur son chemin qui nous décrivent les scènes, parfois horribles, de cette recherche des origines.
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Il y aurait tant à dire sur ce roman. Dense par son contenu, riche par son écriture. Mais ce serait trop bref. Suite au crime atroce de sa femme, Wahhch, le personnage principal du roman, part à travers le Canada puis les Etats Unis, à la recherche de celui qui a commis cette cruauté. Non pour pouvoir se venger, mais plutôt pour retrouver son passé, enfance enfouie et terriblement douloureuse au Liban. A travers un style qui lui est si particulier, fait d'une précision et d'une crudité parfois étonnante, W.M. nous fait découvrir le passé de Wahhch. Et ce n'est pas vraiment le personnage qui parle, mais tous les animaux, insectes, rongeurs, chiens, chats qui se trouvent sur son chemin qui nous décrivent les scènes, parfois horribles, de cette recherche des origines. Le récit est rempli de réflexions sur la vie, sur la rapport humain/animal, sur la mort comme dans cette scène au cimetière, lors de l'enterrement de sa femme : "Tout cela était le monde, et ce monde, depuis l'azur ou je me tenais presque immobile,soutenu par la masse épaisse de l'air, m'est apparu animé par le mouvement monumental d'un cyclone dont l'oeil était cette fosse au fond de laquelle reposait le cadavre recouvert de fleurs roses et rouges de celle qu'il aimait." On suit avec douleur le cheminement tant intérieur qu'extérieur de Wahhch. Avec compassion presque. Et merci à Anne-marie, ma libraire de "la poterne", à Bourges, de m'avoir suggéré cette lecture.
"La couelur de l'eau", de Kerry Hudson
Kerry Hudson est Ecossaise. Avec une écriture délicate et pleine d'humanité, Kerry nous décrit un milieu d'êtres malmenés par la vie. L'un est agent de sécurité, l'autre une prostituée recruteuse de filles. Parce qu'elle pensait à une vie de rêve à Londres, elle s'est fourvoyée dans une entreprise mafieuse dont elle n'arrive pas à s'échapper. Un amour plein de respect nait entre eux ces deux paumés, ces deux êtres fragiles qui se réfugient derrière des non-dits pour garder l'espoir de rester ensemble. Le roman est touchant par la tendresse des personnages qui se cherchent tout au long de ce récit durant lequel, par petites touches de flashbacks, on apprend leur enfance, leurs premiers échecs et tout ce qui en découlera. La fin surprenante est aussi un très beau moment.
"Terminus radieux" de Antoine Vlodine
Volodine toujours. Toujours ce roman post-exotique, cette fois dans un monde post-soviétique, post-atomique, dans lequel le temps est dilaté à l'extrême, les personnages vivant plusieurs centaine d'années. L'humour éclate parfois de manière subtile. La présence de Kronauer tout au long du roman permet de restituer les lieux et les personnages rencontrés aux noms énigmatiques. La référence à "Deuxième Union Soviétique" puis à Orbise sont évidemment une manière de critiquer uns système de valeurs inadapté. Dans les dernières pages, les personnages se rient de leur fin enfin proche (après tant et tant d'années vécues..). Du pur Volodine durant plus de 500 pages (format poche).
"Le troisième policier" de Flann O'Brien
Ce roman était cité dans une liste de lecture de Céline Minard. J'ai tenté l'expérience. Que dire de ce roman où se télescopent des situations étranges, oniriques, fantastiques, dans les lesquelles les hommes sont mi-homme mi-bicyclette, les commissariats de police sont en deux dimensions et ou on apprend que "la moitié des caries sont dues au fait qu'on pédale la bouche ouverte". On pense parfois à Lovercraft, tellement les descriptions fourmillent d'adjectifs décrivant l'horreur, l'inimaginable. Le style frise parfois la poésie avec "les pieds qui appuient avec extase sur la féminité consentante des pédales". Parallèlement, de volumineuses notes de bas de page nous entrainent dans des digressions délirantes, en particulier celles d'un certain De Selby. Délirant. Sur les dernières pages enfin, une subtile mise en abyme dans laquelle le personnage principal revient dans le commissariat, mais toujours avec le même étonnement de la découverte.
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Modifié: 108c124
Le récit est rempli de réflexions sur la vie, sur la rapport humain/animal, sur la mort comme dans cette scène au cimetière, lors de l'enterrement de sa femme : "Tout cela était le monde, et ce monde, depuis l'azur ou je me tenais presque immobile,soutenu par la masse épaisse de l'air, m'est apparu animé par le mouvement monumental d'un cyclone dont l'oeil était cette fosse au fond de laquelle reposait le cadavre recouvert de fleurs roses et rouges de celle qu'il aimait." On suit avec douleur le cheminement tant intérieur qu'extérieur de Wahhch. Avec compassion presque. Et merci à ma libraire de "la poterne", à Bourges, de m'avoir suggéré cette lecture.
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"A l'origine notre père obscur" de Kaoutar Harchi
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Modifié: 110c126
Deuxième roman de Kaoutar Harchi et deuxième envoutement pour cette littérature, cette humanité, cette manière de décrire la tragédie dans ce qu'on comprend être un pays d'Afrique du nord. Cet enfermement ou se trouve la fille, cet "emmurement" qu'elle doit supporter tant que sa mère vit, cet emmurement avec d'autres femmes, répudiées pour on ne sait quelle raison. Et la présence de la Mère, qui se tait, enfermée dans sa douleur, sans aucun geste d'amour pour sa fille. Et puis enfin, la délivrance quand la Mère meurt, enfin. La fille, dont on ne connait pas le nom mais toutes les pensées intimes, tous ses désirs, apprend enfin, auprès du Père, l'histoire de sa vie et de celle, douloureuse, de sa Mère. Tout cela avec une écriture ample, riche, chargée de tellement d'émotions. Roman extraordinaire, écriture sublime.
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"Faillir être flingée" de Céline Minard
Toujours beaucoup de plaisir à lire C.M. Cette fois elle nous entraîne aux USA, période premiers colons, dans une improbable route vers l'Ouest. Tout y est : la route difficile, le décor sauvage, la ville qui se construit, la cohabitation avec les amérindiens, la justice improvisée, le saloon et ses filles. L'impression de vivre dans cette ambiance à la fois dure et enivrante, avec des personnages forts, entreprenants. Peut-être même parfois un peu cliché.
"Le ravissement de Lol V. Stein" de Marguerite Duras
Chez Duras, les personnages sont souvent ambigus et entourés d'un halo de mystère. Ici aussi, dans cette histoire labyrinthique ou vivent des amours étranges et pourtant palpables. Lol (Lola) et Tatiana, les deux filles/femmes et personnages principales du film, se perdent, puis se retrouvent, se cherchent l'une dans l'autre au travers d'un personnage masculin qui ne dit pas son nom mais qui parle d'elles et devient leur amant. Parfois, je dois relire quelques pages, précédemment parcourues sans doute trop vite, pour pouvoir reconstruire le fil du récit. Cette manière d'écrire toute Durassienne est parfois gênante et pourtant le plaisir de la lecture est là, ancré au fond de soi. On aime Lol, la folie délicate et profonde qui l'habite. On est avec Lol dans cette absence de réelle bonheur qui sous-tend toute l'histoire.
"En attendant demain" de Natacha Appanah
J'avais été très attiré par la critique de ce livre par Marine Landrot de Télérama. Cette critique, comme toutes celles de M.L., était élogieuse, promettant une lecture plaisante. Je n'ai pas retrouvé ce plaisir à lire ce livre. Certes, l'histoire, très humaine, de cette jeune mauricienne qui arrive en France et rencontre, un peu plus tard, une autre mauricienne dont elle écrit la vie difficile, est touchante. Mais le ressort ne prend pas. Je ne suis pas ému comme je m'y attendais j'ai lu ce roman comme si il s'agissait d'un livre dont on m'aurait fait cadeau sans connaitre mes goûts littéraires. Peut-être qu'un autre de livre de Natacha fera la différence ?
"De parfaites épouses" de Lori Roy
Ce qui rappelle effectivement l'ambiance sourde de [Desperate Housewives], série US qui a hanté nos écrans TV il y a quelques temps. La disparition d'Elisabeth jeune fille simplette, est le fil conducteur du livre. Comme dans la célèbre série, on passe d'un maison à l'autre, on s'aime, on se déteste, on suspecte les noirs du quartier. Hélas, c'est écrit par quelqu'un qui ne comprend pas la littérature, avec plusieurs aller et retours dans lesquels on se perd souvent, avec aussi des phrases qui n'en sont pas. J'imagine ce que que [H. Cook] aurait pu tirer d'un telle histoire, avec description fine et profonde des personnages sans oublier la subtile angoisse qui augmente au fil de l'histoire.
"L'urgence et la patience" de Jean-philippe Toussaint
Il s'agit de l'urgence et de la patience de l'écriture. JP passe en revue la manière de travailler, les problèmes rencontrés, les solutions quasi techniques pour se tirer de situations embarassantes, bref, tout ce qui concerne l'écriture. Je note en passant que l'auteur a connu et fréquenté S. Beckett. Le tout agrémenté d'auto ironie, de parenthèses décalées, d'anecdotes amusantes. J'avais déjà lu "Fuir" et "Faire l'amour" en 2014 ; je vais y retourner. Un vrai plaisir de lire ce petit ouvrage de 107 pages.
"Les fugueurs de Glasgow" de Peter May
Superbe double road movie entre Glasgow et Londres d'une bande copains. Le premier voyage est une fugue de jeunesse dans laquelle les péripéties s'enchainent de manière imprévue, baignées par la musique en voix off des groupes de l'époque, les Kinks, Les Beatles, Bob Dylan, toutes cette mouvance frémissante des années 60. Et puis, les mêmes récidivent en 2015 avec cette nostalgie propre à leur condition de soixantenaire (ou plus ?). Comme souvent avec P.May, le monde qui nous entoure, la désolation de la casse du tissu industriel et ouvrier est évoquée. Et bien sûr, il reste un meurtre à élucider, comme en filigrane, qui trouve sa réolution à la fin du roman. Coup de blues dans les années 60, sûr. Enfin, pour ceux qui étaient adolescents à cette époque. A lire.
"La salle de bains" de Jean-philippe Toussaint
Au détour de mes lectures, et après avoir apprécié "L'urgence et la patience" (voir ci-dessus), j'ai plongé dans ce roman, découpé en de petits paragraphes. Roman indolent, avec de rares mais profonds traits d'humour, dans lequel se glisse peut-être une autocritique de l'auteur. Voyage agréable.
"Amères Thunes" de Zolma (prêt de Sylvie)
On commence à lire sans trop y croire, à cette histoire de manager déçu qui décide de faire un casse improbable. Et puis, le langage fleuri aidant, on s'accroche à cette histoire simple. Rémy réalise finalement son casse-vengeance. Les péripéties s'enchainent, me tiennent en haleine toute une après-midi pleine de brouillard (dehors). C'est peut-être aussi dans la forme narrative, ramassée et pleine de traits d'humour et/ou de réflexions soudaines [comme celle-ci : "Les femmes cachent mal leur trouble. Les hommes maitrisent mieux, vu qu'ils ont toujours quelque chose à planquer"] que le fil du roman continue de nous captiver jusqu'à la fin, réjouissante. Merci Sylvie !
"Raclées de verts" de Caryl Ferey (prêt de Sylvie)
Encore un prête de Sylvie. Mais quel est cet étrange personnage qui passe son temps a boire, étrangler de pauvres et vieilles femmes en compagnie d'un chien nommé Janvion ? C'est toute l'histoire, parfois grotesque, de ce supporter du club foot de St Etienne (d'ou le "vert" du titre). Loufoque, oui. Parfois drôle, parfois moins, surtout dans cette fin délirante. A vous de voir. Petit opuscule de 89 pages.
"Péchés capitaux" de Jim Harrison
Lire Harrison, c'est s'aventurer dans l'Amérique des paumés, entrer dans la nature profonde du nord des US, en jouir et en baver aussi. A voir la photo récente de J.H., on peut penser qu'une partie de ce livre fait la part belle aux confidences de l'auteur à propos de la boisson, de la pêche, du sexe et surtout, de l'âge avancé de Sunderson, ancien flic et personnage principal du roman. Des phrases courtes qui saisissent l'instant, qui sautent d'un sujet à l'autre, mouvement libre et parfois désordonné auquel on s'attache très vite. L'histoire est une tranche de vie au bord d'un hameau ou règne la brutalité, la violence, mais aussi le désir d'amour. Les péchés capitaux étant une peur enfantine de punition, peur que l'âge avancé ne réussit pas à dominer vraiment.
"Aleph Zéro" de Jérôme Ferrari
Avec ce style si caractéristique, ces phrases qui se déroulent sans heurts comme des rivières de mots, J.F. nous entraîne dans ses pensées les plus sombres sur la mélancolie, la difficulté d'aimer, l'amitié. Parsemées de percées philosophiques ou scientifiques dont on se demande, à tort, si elle ne sont pas hors de propos, le récit avance dans un dédale d'idées et de de sentiments que l'on finit par assembler et admirer. Avis très personnel : Rien d'autre à dire; A lire absolument; Comme tous les livres de J.F., en somme.
"L'appareil Photo" de Jean-philippe Toussaint
Le livre débute avec cet humour si habituel de JPT qui frise l'absurde. La fin du livre est par contre empreinte d'un questionnement quasi philosophique sur le "désespoir d'être". Les situations sont parfois désopilantes à en pleurer de rire (ce fut mon cas) tellement les personnages sont parfois au bord d'une incroyable vacuité. J'ai tellement aimé cette manière de nous conduire de l'ironie (auto-dérision ?) vers cette réflexion sur la "difficulté de vivre" puis, à la fin du livre, vers le "désespoir de vivre". A lire également (du moins dans l'édition que j'ai qui date de 2007) une courte interview de JPT en guise d'épilogue ou il définit "le roman infinitésimaliste". A ne pas rater.
"Une Lubie de Monsieur" Fortune de Sylvia Townsend Warner
Cet étonnant roman, qui date de 1927, nous emmène sur une île de Polynésie ou vivent des indigènes heureux. Mr Fortune est envoyé sur cette île, avec tout son barda d'occidental, pour christianiser la population. Hélas, les habitants ne l'écoutent pas vraiment et vaquent tranquillement à leurs occupations. Et, finalement, personne n'est converti et Mr Fortune lui même perd la foi. Le ton quelque peu ironique du livre, (STW était connue pour ses réparties ironique et son appartenance au parti communiste britannique) avec lequel elle décrit cette évangélisation ratée, le climat agréable quoique perturbé par une éruption volcanique, la nonchalance et la gentillesse des habitants de l'île, font l'attrait du livre ; mais pas sa qualité stylistique. J'ai lu ce lire car il faisait partie d'un liste de lecture de Céline Minard.
"Bord De Mer" de Véronique Olmi
Dès le début du roman, on sent la fêlure. Le style, déchiré, l'histoire, déchirante, nous entraine malgré nous à continuer ce chemin de douleurs, tantôt exprimées, tantôt cachées le long de ce parcours vers la mer. La mer qui ne tient pas ses promesses de joies, de soleil. Bien au contraire, l'impression de marcher dans la pluie incessante et inamicale, les pieds lourds et gorgées de cette eau qui n'en finit pas de harceler la petite famille. Dans un autre roman, La pluie n"empêche pas le désir (tiens, la pluie, encore), V.O. parlait de l'amour, de la jouissance de la chair avec toujours ces mêmes petites phrases accolées les unes aux autres comme un tableau impressionniste/pointilliste, petites phrases qui finissent par créer une émotion. Dans cette fin terrible, mais pas vraiment inattendue, du roman, on compatis presque à la douleur de cette mère qui souffre.
"La condition pavillonnaire" de Sophie Divry
Un peu déçu par ce roman sans vraie histoire, sans vraiment d'émotions, sans style. Cette histoire de la vie d'une femme, de cette vie ordinaire avec les aller retours vers le passé, cette manière de tutoiement en voie off, tout concourt à affadir le propos. Ou peut-être est-ce voulu, tout ce déballage du quotidien avec parfois des énumérations ennuyeuses ? Peut-être faut il lire ce roman au second degré, comme une description ironique de la vacuité de la vie moderne actuelle ? En tout cas, j'ai sauté des paragraphes entier, soif de mouvement, d'émotions, de péripéties. Un peu dépité.
"Le passager (la route de Midland)" de Arnaud Cathrine
Agréable découverte de Arnaud Cathrine à travers ce roman touchant. Au fil de grandes pages de dialogues entre les personnages on découvre peu à peu cette histoire étrange d'un homme qui promène dans son van le cercueil de son frère. Le roman se déroule comme la recherche des éléments du passé, la recherche de ce que fut ce frère après une histoire douloureuse. L'émotion reste présente tout au long de la deuxième partie ou les coeurs s'ouvrent, les secrets enfouis sont découverts. Le deuil peut alors se faire et l'amour entre les personnages peut naître. Très beau livre sans faux semblants.
L'ambiance du livre me fait penser (allez savoir pourquoi, le Texas peut-être ?) au film "Paris Texas" de Wim Wenders.
"La nostalgie heureuse" de Amélie Nothomb
Je ne suis pas un grand lecteur de A.N. Contrairement à Alice. Mais je me suis égaré un jour, chez V., à la lecture de quelques pages de ce roman, et ai couru acheter le livre. D'occasion. Tout dans ce livre, ou Amélie raconte son retour au Japon après de nombreuses années d'absence, tout se passe autour d'émotions que l'on peut évidemment s'approprier. Les appréhensions d'Amélie à affronter ce retour, les retrouvailles avec sa "deuxième mère", nounou japonaise et leur étreinte délicate et profonde. On suit ainsi Amélie retournant à son école d'enfance, et aussi dans ce moment "indicible" du diner avec son premier amour. Tout est si tendre, décrit avec la simplicité et la sincérité habituelle de A.N. Emouvant, oui.
"7" de Tristan Garcia
7 histoires surprenantes, récits mi-science fiction, mi-prospective. Le 7ième roman est lui-même découpé en 7 chapitres avec une mise en abyme dans laquelle on retrouve des idées déjà évoquées dans les précédents récits ; et l'auteur n'hésite pas non plus à intervenir à travers son personnage pour parler de ses précédents romans, l'accueil qui leur a été fait, les critiques reçues. Le dernier récit, qui donne son nom au livre, est aussi le plus captivant par la philosophie de la vie qu'il développe.
"L'ampleur du saccage" de Kaoutar Harchi
J'ai lu ce livre, suite aux conseils d'Anne-marie à "La Poterne", Bourges. Avec une écriture remarquable, faite de mots crus, de phrases délicates ou pleines de poésie, K.H. nous entraîne dans une histoire tragique. Cette histoire dans laquelle des hommes, des arabes, cherchent leurs origines et évoluent dans une culture qui les contraint à la frustration, au silence. La misère sexuelle, le crime, l'enfance et l'inceste, tout ces drames qui habitent les personnages sont évoqués, et nous suivons ces épisodes cruels jusqu'à cette pseudo-catharsis finale ou l'un des personnage se libère par le sang de tout les silences passés. Histoire tragique et touchante à la fois. A voir/écouter également, quelques vidéos sur Internet dans lesquelles Kaoutar explique sa démarche de romancière.
"La modestie et autres récits" de Enrique Vila-matas
Retour de la fête du livre 2016 à BRON. L'entendre parler de sa vie, de son écriture, déjà, c'est un ravissement. Tout en demi-teintes, avec cette auto-dérision qui le caractérise, ce livre, fait de différentes nouvelles, est le reflet exact de ses entretiens de la fête du livre. Il n'y a pas plus sérieux que ce personnage plein d'humour.
"Monsieur zéro" de Jim Thompson
Comme d'habitude JT nous entraîne dans une histoire sordide ou le héros, incapable de donner du plaisir à une femme est également incapable de tuer correctement ses victimes. Tous les autres personnages sont aussi cinglés, buveurs, dépravés, menteurs. Tout n'est jamais réellement explicité, et c'est aussi ce qui fait l'attrait de ce roman. Et puis, ce genre de livre aux personnages tordus, j'aime.
"La zone d'inconfort" de Jonathan Franzen
Franzen. Attiré par un article élogieux de son dernier livre dans "Le Monde Des Livres", je me lance à le lecture d'un petit, mais dense, roman de J.F. Délirant. De tout, de rien, parfois sur la politique US (et alors, critique), parfois sur Snoopy, parfois sur son attirance pour l'ornithologie, mais toujours avec cette application de bon éléve, avec aussi cette auto-ironie qui relève d'une grande ouverture d'esprit. J.F. m'amuse, me séduit au point que.. je vais en relire !
"Si rien ne bouge" de Hélène Gaudy
Une grande page d'adolescence, décrite avec beaucoup de petites phrases qui décrivent le quotidien de Nina et de sa copine Sabine, durant les vacances d'été. Cette île dans laquelle les personnages sont en vacances est aussi une manière d'isolement, de fermeture sur ce monde d'adolescence qui cherche, lui, à s'ouvrir au monde. La fin, inattendue, jette une dernière touche à ce tableau. Manque de passion, peut-être.
"Fumiers et Cie" de Tom Sharpe
En fait, ce livre trainait depuis longtemps sur une étagère et je n'ai jamais su à qui il appartenait. Et durant un petit
séjour à l'école Notre Dame de l'Isle d'Abeau, je l'ai pris avec avec moi. Et lu. Désopilant, oui. T.S. nous dépeint une Grande Bretagne époque Thatcher dans laquelle les policiers sont risibles et quelque peu corrompus, dans laquelle la bourgeoisie est pleine d'une stupidité hilarante. Tout cela finit dans un carnage, un incendie. Bref le compte y est. Le style est parfois comique, parfois un peu longuet dans les descriptions des personnages (on a envie de sauter des pages). Dans le genre, les romans de Roddy Doyle sont peut-être plus aboutis.
"Un sport et un passe temps" de James Salter
Avec ce titre, tiré d'une citation du Coran - N'oublie pas que la vie n'est qu'un sport et un passe-temps - JS nous entraîne dans une histoire d'amour, de vie, à travers la France des années cinquante. Est-ce que ce sont ces petites phrases courtes, dont la prose est parsemée de comparaisons "comme ceci" ou bien cette espèce de mélancolie, mais je pense à l'écriture de M.Duras. Même effet troublant. On assiste, oserais-je dire impuissant, à cet amour entre Philip et Anne-marie, fait de joutes érotiques sans trop de sentiments, tout en craignant sa fin. Il y a comme une cruauté dans cette promenade à travers la France, si bien décrite. Beaucoup d'humanité dans ce récit, comme toujours chez J.S.
"Anima" de Wajdi Mouawad
Il y aurait tant à dire sur ce roman. Dense par son contenu, riche par son écriture. Mais ce serait trop bref. Suite au crime atroce de sa femme, Wahhch, le personnage principal du roman, part à travers le Canada puis les Etats Unis, à la recherche de celui qui a commis cette cruauté. Non pour pouvoir se venger, mais plutôt pour retrouver son passé, enfance enfouie et terriblement douloureuse au Liban. A travers un style qui lui est si particulier, fait d'une précision et d'une crudité parfois étonnante, W.M. nous fait découvrir le passé de Wahhch. Et ce n'est pas vraiment le personnage qui parle, mais tous les animaux, insectes, rongeurs, chiens, chats qui se trouvent sur son chemin qui nous décrivent les scènes, parfois horribles, de cette recherche des origines.
Le récit est rempli de réflexions sur la vie, sur la rapport humain/animal, sur la mort comme dans cette scène au cimetière, lors de l'enterrement de sa femme : "Tout cela était le monde, et ce monde, depuis l'azur ou je me tenais presque immobile,soutenu par la masse épaisse de l'air, m'est apparu animé par le mouvement monumental d'un cyclone dont l'oeil était cette fosse au fond de laquelle reposait le cadavre recouvert de fleurs roses et rouges de celle qu'il aimait." On suit avec douleur le cheminement tant intérieur qu'extérieur de Wahhch. Avec compassion presque. Et merci à Anne-marie, ma libraire de "la poterne", à Bourges, de m'avoir suggéré cette lecture.
"La couelur de l'eau", de Kerry Hudson
Kerry Hudson est Ecossaise. Avec une écriture délicate et pleine d'humanité, Kerry nous décrit un milieu d'êtres malmenés par la vie. L'un est agent de sécurité, l'autre une prostituée recruteuse de filles. Parce qu'elle pensait à une vie de rêve à Londres, elle s'est fourvoyée dans une entreprise mafieuse dont elle n'arrive pas à s'échapper. Un amour plein de respect nait entre eux ces deux paumés, ces deux êtres fragiles qui se réfugient derrière des non-dits pour garder l'espoir de rester ensemble. Le roman est touchant par la tendresse des personnages qui se cherchent tout au long de ce récit durant lequel, par petites touches de flashbacks, on apprend leur enfance, leurs premiers échecs et tout ce qui en découlera. La fin surprenante est aussi un très beau moment.
"Terminus radieux" de Antoine Vlodine
Volodine toujours. Toujours ce roman post-exotique, cette fois dans un monde post-soviétique, post-atomique, dans lequel le temps est dilaté à l'extrême, les personnages vivant plusieurs centaine d'années. L'humour éclate parfois de manière subtile. La présence de Kronauer tout au long du roman permet de restituer les lieux et les personnages rencontrés aux noms énigmatiques.
La référence à "Deuxième Union Soviétique" puis à Orbise sont évidemment une manière de critiquer uns système de valeurs inadapté. Dans les dernières pages, les personnages se rient de leur fin enfin proche (après tant et tant d'années vécues..). Du pur Volodine durant plus de 500 pages (format poche).
"Le troisième policier" de Flann O'Brien
Ce roman était cité dans une liste de lecture de Céline Minard. J'ai tenté l'expérience. Que dire de ce roman où se télescopent des situations étranges, oniriques, fantastiques, dans les lesquelles les hommes sont mi-homme mi-bicyclette, les commissariats de police sont en deux dimensions et ou on apprend que "la moitié des caries sont dues au fait qu'on pédale la bouche ouverte". On pense parfois à Lovercraft, tellement les descriptions fourmillent d'adjectifs décrivant l'horreur, l'inimaginable. Le style frise parfois la poésie avec "les pieds qui appuient avec extase sur la féminité consentante des pédales".
Parallèlement, de volumineuses notes de bas de page nous entrainent dans des digressions délirantes, en particulier celles d'un certain De Selby. Délirant. Sur les dernières pages enfin, une subtile mise en abyme dans laquelle le personnage principal revient dans le commissariat, mais toujours avec le même étonnement de la découverte.
"A l'origine notre père obscur" de Kaoutar Harchi
Deuxième roman de Kaoutar Harchi et deuxième envoutement pour cette littérature, cette humanité, cette manière de décrire la tragédie dans ce qu'on comprend être un pays d'Afrique du nord. Cet enfermement ou se trouve la fille, cet "emmurement" qu'elle doit supporter tant que sa mère vit, cet emmurement avec d'autres femmes, répudiées pour on ne sait quelle raison. Et la présence de la Mère, qui se tait, enfermée dans sa douleur, sans aucun geste d'amour pour sa fille. Et puis enfin, la délivrance quand la Mère meurt, enfin. La fille, dont on ne connait pas le nom mais toutes les pensées intimes, tous ses désirs, apprend enfin, auprès du Père, l'histoire de sa vie et de celle, douloureuse, de sa Mère. Tout cela avec une écriture ample, riche, chargée de tellement d'émotions. Roman extraordinaire, écriture sublime.
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